L'aspect économique

  L'aspect Économique


    Depuis 12ans, la téléréalité a réussi à s'imposer comme LE phénomène télévisuel du 21ème siècle.Ces émissions sont de plus en plus nombreuses et variées, le CSA (conseil supérieur de l'audiovisuelle) a relevé 118 émissions de ce genre sur les chaines françaises. Selon Alexandre Callay, directeur du site de mesure des audiences (de télévision, de radio, de cinéma et d'internet) Médiamétrie "la télé-réalité constitue le second pilier de la télévision française , après les séries et les films".

  • Une stratégie commerciale rentable

La télé réalité a submergé l'offre télévisuelle en proposant une stratégie commerciale rentable ; une arme de divertissement massive à moindre coût. En effet , les coût de production restent modestes en comparaison de ceux des films et des séries, les scénarios et les mises en scène y sont minimalistes. Cela représente une aubaine pour les producteurs qui peuvent alors augmenter leurs profits. Les programmes qui fonctionnent le mieux au près du public peuvent s'exporter aux quatre coins du monde: big brother, dont l'adaptation française est loft story, a été racheté par 52 pays.
L'engouement du public permet de générer de la publicité donc des marges confortables pour les producteurs. Avec 54,3 millions d'euros brut de recettes publicitaires (3,9 millions d'euros par épisode), Koh-Lanta* a été le programme de télé-réalité qui a rapporté le chiffre d'affaires publicitaire le plus important de l'année 2011, selon l'entreprise Yacast. La chaîne TF1 qui a misé l'année dernière sur son nouveau projet The voice* a, avant même de connaître les premières audiences du programme, décidé d'augmenter les tarifs publicitaires à 65 000 euros brut le spot de 30 secondes, selon Les échos.
Ce type de programme fonctionne et attire de plus en plus de téléspectateurs, de petites comme de grandes chaines ont cédé aux sirènes de la télé-réalité. France télévision a lancé des émissions de télé réalité pour espérer faire plus de recettes et attirer un nouveau public, plus jeune.Le groupe télévisuel a donc délaissé l'aspect culturel pour favoriser une préoccupation marketing. Des "petites" chaines, de la tnt, quant à elles, profitent de cette formule à succès pour augmenter son audimat comme nrj12 et w9 dont les émissions de télé réalité font le plus de pourcentage en termes d'audience.
  • Des programmes low-cost
D'anciennes émissions qui étaient sur les chaines qui réalisent le plus d'audience, soit TF1, France 2, France 3 et m6, ont été re-programmées sur des chaînes de la tnt. Ces programmes ne réunissaient pas assez de téléspectateurs pour les "grandes" chaînes mais suffisamment pour des chaînes de la tnt. Ces émissions déjà connues du grand public promettent aux chaînes moins connus,d'attirer un public déjà conquis. C'est ainsi que la Star academy et la Nouvelle Star ont été lancées sur NRJ 12 et D8 en décembre 2012. L'émission Star Academy a connu ses heures de gloire sur TF1 en 2001, elle est restée à l'antenne sur la première chaîne de 2001 à 2008. Elle fut déprogrammée à la fin de la huitième saison suite à une érosion des audiences. En octobre 2011, NRJ 12 a racheté les droits du format, pour lancer Star Academy Revolution un an après. Lors du premier prime, 1,6 millions de téléspectateurs ont regardé la nouvelle génération du programme , même face à Julie Lescaut, le téléfilm à succès de TF1. De plus, les budgets des chaînes de la TNT étant plus moindres, les coûts de production d'une telle émission ne peuvent pas être identiques à sa precédente version. Le plateau du prime ainsi que les moyens utilisés sont donc réduits. Le plateau où les candidats se produisent est plus petit, le public est moins nombreux, et les professeurs moins connus du grand public.
Le groupe M6, quant à lui, a décidé de remplacer son télé-crochet la Nouvelle Star diffusé depuis 2003 sur M6, par X-factor. Cette dernière est une émission qui rencontre un véritable succès d'audience à l'étranger; 12,5 millions d'Américains ont suivis la finale de la version automnale 2012. Le groupe a décidé de lancer l'émission sur W9, la petite soeur de M6, pour ne pas vraiment se mettre en danger, mais après des résultats d'audience satisfaisants (selon le Figaro jusqu'à 1,5 millions de français ont visionné la finale) le programme a été reconduit sur M6 pour le second volet francophone. C'est alors que D8, nouvelle chaîne émergente de la TNT appartenant au groupe Canal, reprend le concept de la Nouvelle Star après seulement deux mois d'existence.
Ces programmes assurent de futures belles audiences pour ces deux chaînes, qui ont réussi à tirer profit de formats qui ont déjà fait leurs preuves. En conclusion celà montre que les chaînes, dans une continuelle recherche de bénéfices, produisent des émissions aux coûts réduits, et ne cherchent pas à innover.
  • Une source de profit
Grâce à la télé-réalité, les chaînes ont su développer de nouvelles sources de profit. Les SMS surtaxés qui permettent aux téléspectateurs de voter pour soutenir leur candidat préféré ou au contraire pour éliminer ceux qu'ils souhaitent voir partir, dépassent parfois la dizaine de millions selon les émissions. C'est une véritable mine d'or pour les producteurs, les téléspectateurs se sentent impliqués dans l'émission et ont le sentiment d'avoir contribué à l'aventure, les producteurs récupèrent un tiers des recettes des opérateurs téléphoniques (selon l'express).

 
Les produits dérivés se sont diversifiés et tous les domaines commerciaux ont été touchés: CD, objets à l'effigie des stars d'une saison, collection capsule de vêtements... Aujourd'hui TF1 réalise 45% de son chiffre d'affaires grâce à la commercialisation des droits audiovisuels, les produits dérivés, l'édition... Exemple de cette dérive de la télé-réalité, l'émission Master Chef surfe sur son succès en proposant de nombreux objets et ustensiles de cuisine. TF1 n'a pas omis d'éditer le jeu de société inspiré de l'émission; un classique marketing puisque Koh-Lanta, Secret Story, Star Academy, ainsi que l'écrasante majorité des jeux de la chaîne sont déjà sortis en jeu de société.L'édition musicale a aussi bénéficié de cette engouement, les émissions orientées vers la musique (Star academy, X-factor, Nouvelle star) ont permis à des artistes de se faire connaître. Mais également pour les maisons de disques d'écouler plusieurs milliers d'exemplaires de CD et DVD grâce aux consommateurs qui ont connu les chanteurs à travers les programmes télévisés. Ce fût le cas pour les vidéos disques des tournées de la star academy, ainsi que pour Nolwenn Leroy, Sofia Essaidi, Olivia Ruiz, Grégory Lémarchal, Julien Doré et Jennyfer qui ont connu le succès grâce à leur apparition dans des émissions de télé-crochet. Ils ne représentent qu'une infime partie des participants à ces émissions mais ces artistes font désormais partie intégrante de la scène française.
Justine, Thomas, Nadège… Les starlettes de la télé-réalité inondent la presse people et ce, depuis le premier loft Story. Et pour cause, la télé-réalité et cette presse se basent sur les mêmes sujets. En créant "Public" en 2003, Nicolas Pigasse se fonde sur une idée très simple: "la télévision fournit quantité de nouvelles têtes, que l’on peut avoir pour pas cher et qui vont avoir besoin de la presse people pour continuer d'exister. Chacun y trouve son compte, les candidats gardent une présence sur la scène médiatique et les magazines attirent les télespectateurs déjà conquis par l'émission qui viennent chercher de nouvelles histoires inédites sur leurs candidats préférés". De plus, pour faire la une du magazine, les éditions dépensent moins pour un candidat de téléréalité que pour une personnalité mondialement connue. Dans ce business tous les acteurs sont gagnants sauf les télespectateurs qui se retrouvent avec des histoires inventées pour continuer le ramdam.
 

 
"Avec la télé-réalité, la logique transmédia a aussi été poussé à son maximum. Le produit se décline à la télé sur le web, dans la presse" explique François Jost, auteur de Grandeur et misères de la Télé-Réalité. On observe que Internet est mis à contribution dans les émissions de télé-réalité, le spectateur a la possibilité de se rendre sur le site officiel de l'émission qu'il regarde et ainsi revoir les émissions précédentes en intégralité ou encore visionner des extraits inédits qui ne sont pas diffusés à la télévision. De plus, grâce aux réseaux sociaux, l'avis des télespectateurs est partagé. Ces sites internet permettent donc de créer un lien permanent entre le spectateur et l'émission qu'il suit.
  • Un vaste public concerné
La télé-réalité a conquis un large public en s'adaptant aux horaires de toutes les générations. La plupart des émissions sont diffusées en "quotidienne", c'est à dire du lundi au vendredi, en fin d'aprés-midi à l'heure où les enfants rentrent de l'école et les parents du travail. Le format (majoritairement 45minutes) et la tranche horaire correspondent aux attentes des télespectateurs qui souhaitent se détendre devant la télévision. Cette présence régulière permet aux télespectateurs de rester en contact tout au long de la semaine. Les prime time prévus le soir en fin de semaine (jeudi, vendredi ou samedi) pour les émissions de télé-réalité diffusées en continu permettent d'attirer également des télespectateurs qui ne peuvent pas regarder les quotidiennes mais aussi pour les chaînes de faire une bonne audience puisque sur une tranche horaire de grande écoute. Pour accroître les audiences des primes, les émissions réservent des extraits inédits et également les éliminations des candidats, ce qui représente l'apogée de la semaine.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce ne sont pas seulement les jeunes qui regardent ce type de programme. Selon une étude de TF1, 98% des ménagères de moins de cinquante ans (notion publicitaire et marketing correspondant à une population de consommatrices fort peu précise mais qui est néanmoins considérée comme déterminante dans les dépenses du ménage, constituant donc une cible privilégiée à séduire) a déjà vu une émission de télé-réalité.




  • Les recettes des candidats
   Le gain est souvent se qui attire les participants de télé-réalité, le journal le parisien a dévoilé le salaire des candidats pour les émissions des l'année;
Secret Story (TF1):Tous sont payés environ 500 € par semaine passée dans la Maison des secrets. Et même après la sortie de la maison, ils perçoivent encore 300 € par semaine tant que le programme n'est pas terminé.Selon une candidate de la saison dernière, ces montants s'élevaient exactement à 492 € brut et 322 € exactement à 492 brut en 2011.Comme l'émission dure environ douze semaines, un candidat éliminé au bout d'une semaine touche donc 4 034 € brut et un candidat qui va jusqu'en finale 5 904 € brut. Le vainqueur de l'émission gagne en plus 150000€.
Les Ch'tis (W9) :Selon le Parisien, chaque Ch'ti touche entre 3 000 et 6 000 € brut pour le tournage d'une saison. W9 lance la quatrième saison début 2013 , les candidats qui ont participé à chacune d'entre elles gagnent plus d'argent que les nouveaux venus , ce qui est normal puisqu'ils ont déjà une notoriété.

Les Anges de la Télé-Réalité (NRJ 12) : ils touchent 12 000 € pour 5 semaines de tournage . Mais comme pour les ch'tis NRJ12 peut payer plus une célébrité plus reconnus.
Qui veut épouser mon fils (TF1) :Difficile d'avoir des chiffres précis, mais on peut penser que le salaire révélé par un des candidats et celui de tous les autres. Ainsi, selon le Parisien, Benjamin a gagné « 1 300€ net pour dix-sept jours de tournage »

L'amour est dans le pré (M6) :Lors de la semaine de tournage dans leur exploitation, ils ne sont ni rémunérés ni même défrayés. « Les agriculteurs ne sont pas filmés 24 heures sur 24, ce n'est pas un jeu. », justifie la production.De plus, ils doivent payer eux même tous les frais de restaurant et de sortie. L'addition peut atteindre 3.000 euros pour certains.

Master Chef (TF1) : Frédéric Bayard, candidat de la saison 1, évoque dans Le Parisien « des journées de tournage qui s'étalent parfois entre 6 h 30 et minuit, des heures d'attente interminable, une subordination totale où les candidats surveillés par des nounous ne sont pas libres de leurs mouvements, des passeports confisqués. Le tout pouvait durer jusqu'à quatre-vingt-quatorze jours pour les finalistes ».Et au final, un salaire variant entre 2 600 € et 3 000 €. .

Pékin Express (M6) :Plus de 50 jours de tournage pour les candidats, mais pas vraiment de rémunération. Anthony, candidat de la saison 4, affirme: « les participants ont droit à 1 200 €, versé en deux fois (500 € après le tournage, 700 € après la diffusion), pour garder le secret ».
Pour les candidats de toutes ces émissions s'ajoutent ensuite les contrats avec les magazines people et les fameuses photos publiées qui peuvent rapporter plusieurs milliers d'euros. Entre 2.000 et 10.000 euros par "histoire avec photos". 
 


  • conclusion de l'aspect économique de la télé-réalité;
  La télé-Réalité est très largement critiquée , mais ELLE fait vendre , et ses détracteurs en profitent largement. C'est une stratégie commerciale rentable, une arme de divertissement massive qui intéresse les téléspectateurs.Les chaînes l'ont bien compris,résultat, les concepts d'émissions continuent de fleurir en France et partout dans le monde. En 2010, sur les 451 nouvelles émissions françaises, 44 étaient apparentées au genre télé réalité. Tsunami audiovisuel qui, pendant la décennie 2000 et au-delà, généra des records d'audience, créa des parts de marché extraordinaires et qui n'est pas prêt de s’arrêter. Tant que la société moderne se basera sur l'économie en délaissant l'éthique , les chaînes diffuseront de la télé-réalité.