L'aspect social



L'ASPECT SOCIAL


  Difficile d’y échapper. Que l’on soit scotché à son écran ou que l’on tombe dessus "par hasard" en zappant, on finit toujours par voir un épisode de télé-réalité. Vrai fan ou pas, la télé-réalité on aime, un peu, beaucoup, à la folie…pas du tout. Elle fait déferler les critiques, créée le buzz, et permet de faire de l'audience, mais à qu'elle prix ? Les médias favorisent-ils l'audimat au détriment de l'éthique ?


  • Un Phénomène décrié
  La télé-réalité est fortement décriée, et possède une mauvaise réputation. Pourtant les audiences sont florissantes. Tel Patrick le Lay, PDG de TF1 de 1988 à 2007, qui évoque dans un documentaire sur les coulisses de la télé-réalité diffusé en septembre 2012 sur canal +, les enchères menés avec M6 pour rafler l'exclusivité des droits d'achat de tous les concepts d'émissions de télé-réalité proposés par Endemol et qui en même temps rédige un article paru dans le Monde condamnant la «télé-poubelle», les élites culturelles la méprisent alors que le grand public la plébiscite. La télévision favorise l'audience à la culture et aux programmes éducatifs, c'est pour cela que les patrons des chaînes ont lancé la télé-réalité. Koh-Lanta sur TF1 et Loft Story sur M6 ont emboité le pas à des centaines d'autres émissions de ce genre. Le programme de M6 fut le premier a présenté la vie de candidats enfermés dans une maison épiés par des dizaines de caméra, en France. Le programme choqua comme il apporta un vent nouveau sur les plages télévisuelles Françaises. Le 20 mai 2001, à peine trois semaines après le début de l'émission d'enfermement, 250 personnes se sont rassemblées devant le siège de M6 à Neuilly-sur-Seine pour manifester contre la "télé-poubelle". La manifestation était réunie à l'appel du collectif "Souriez, vous êtes filmés", de l'écrivain Phil Marso, de militants du Forum des Jeunes Verts, des jeunesses communistes et de mouvements anarchistes. "Nous ne serons pas des souris en cage" proclamait la banderole du collectif, tandis que son principal acteur, Jean-Pierre Petit, dénonçait en Loft Story le "laboratoire de la société du futur".
  Dix ans après, la télé-réalité existe toujours, est toujours raillée par la presse, Enora Malagré animatrice de télévision et radio de française a déclaré qu'elle « conchie » ce genre d'émissions mais elle conquiert toujours autant les téléspectateurs à travers le monde.


  • Audience et engouement du public
  Lancée en France en 2001 avec Loft Story, la télé-réalité prend aujourd'hui de plus en plus de place sur le écrans français. Les chaînes face à l'engouement du public veulent toutes leurs parts. "Aujourd'hui, la télé-réalité constitue le second pilier de la télévision française, après les séries et les films", selon Alexandre Callay, directeur de Médiamétrie. La télé-réalité fait toujours de l'audience. Moins que les programmes préférés des français tels que Julie Lescaut, ou Joséphine Ange Gardien: en 10 ans, juste Koh Lanta (plus de 9 millions de téléspectateurs le 13 avril 2009, soit 39% de part d'audience) a réussi l'exploit de figurer à la 8ème place du classement annuel des 100 plus importantes audiences. Mais dans l'ensemble les audiences sont plus que correctes. Par exemple: en 2010, Secret Story(TF1) réalisait 25% de part d'audience et rassemblait 3 millions de téléspectateurs, selon Médiamétrie Pour les chaînes hertziennes, comme TF1 ou M6, la télé-réalité est un moyen de faire de très bons scores dans les horaires creux, comme à 18h ou en deuxième partie de soirée", explique François Jost, sociologue des médias, auteur de L'Empire du loft. Pour les plus «petites» chaînes de la TNT, comme NRJ12 ou W9, "la télé-réalité est un moyen de démultiplier le public", selon François Jost. L’année dernière, un programme de télé-réalité s'est hissé à la dix-huitième place des émissions réalisant lesplus d'audience: la nouvelle émission de TF1 The Voice. American Idol en rassemblant plus de 29 millions de spectateurs a réussi à figurer à la dixième place des audiences aux États-Unis.


top audience de l'année 2012 en France
top audience de l'année 2012 aux Etats-Unis


  • Voyeurisme ou exhibitionnisme ?


"Voyeurs et exhibitionnistes, nous le sommes tous potentiellement, car la vision est une source d'excitation plus ou moins intense
selon les individus",
selon le psychothérapeute Alain Tarnier.

  Dans la plus part des émissions de télé-réalité: on observe, on épie, on filme le moindre détail. L'intimité ? Il n'y en a plus. Que se soit sous la douche, dans la cuisine, dans le jardin ... Les candidats sont soumis au regard de milliers de personnes tout au long de leur aventure. Les amourettes, clash et fous-rires, tous ces moments de leur vie dans le jeu sont enregistrés, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs. On pourrait parler ,à tort, d'acte de voyeurisme , puisque en effet , le téléspectateur observe le candidat agir dans son intimité. Mais on est voyeur lorsque l'on regarde quelque chose qui nous est caché, la télé-réalité, c’est au contraire de l’exhibitionnisme : des gens acceptent, voire souhaitent, d’être vus par des individus qu'ils ne connaissent pas à travers la télévision. Ces téléspectateurs ne transgressent rien, ne brisent aucune intimité, car les gens qui se montrent savent qu’ils sont vus. Les candidats s'exposent pour gagner en notoriété et/ou amasser de l'argent, le public, lui, suit le programme pour comparer son quotidien avec celui d'un participant de l'émission, s'évader et envier les candidats ou au contraire se moquer.
  En 2010, avec l'émission Dilemme (w9), le voyeurisme a atteint un niveau supérieur puisque les internautes ont eu la possibilité via Dailymotion partenaire de l'émission, d'avoir accès aux 26 caméras placées dans la maison où les candidats vivent et donc de décider ce qu'ils veulent voir. Une chaîne de télévision, sur CanalSat retransmettra les faits et gestes des candidats 24 heures sur 24.
  •  La télé-réalité va t-elle trop loin ?

  A l'étranger, les nouveaux programmes de la télé-réalité font scandales et provoquent les débats dans l'opinion publique. La France est-elle à l'abris de ces dérapages ?



 Le premier juin 2007, aux Pays-Bas, un nouveau scandale de la télé-réalité éclate : "Trois malades en attentes de greffe mais un seul rein à offrir. Le candidat choisit sera le grand gagnant du Bigdonnor Show. " Ce programme fait froid dans le dos mais heureusement ce n'est une effroyable canular. En effet, les producteurs cherchaient à montrer que la télé-réalité à des principes et surtout des limites.

  Cependant, difficile de croire ces belles paroles, à l'étranger la télé-réalité a déjà franchit de nombreuses frontières. Au Etats-Unies, il existe le bachelor des nains. Ou bien Dumped (en français "ordure") où une bande de jeunes doit survivre dans une décharge publique. Ou encore la sulfureuse cage dorée où sept candidats sont enfermés dans le plus grand des luxe et c'est le plus violant qui l'emporte, violences verbales mais aussi sexuelles : une candidate aurait même était victime de viol.

   En France, le journaliste Christophe Nick a sortit un documentaire choc sur les dangers de la télé-réalité , dans lequel a été reproduite une expérience américaine montrant qu’un individu ordinaire est prêt, sur ordre, à infliger des secousses électriques à un autre. IL s’appuie sur une expérience effectuée aux Etats-Unis, de 1960 à 1963, par le psychologue américain Stanley Milgram. Dans cette expérience, un individu était fermement invité par le responsable du laboratoire à infliger à une autre personne des secousses électriques. Elles devenaient de plus en plus fortes lorsque ce dernier fournissait de mauvaises réponses à ses questions. En réalité, aucun choc électrique n’était infligé, mais le cobaye l’ignorait. L’expérience avait montré que 62,5% des sujets n’hésitaient pas à infliger la décharge maximum. Christophe Nick a simplement transposé l’expérience de Milgram sous forme de jeu télévisé pour son documentaire baptisé « La zone Xtrême », selon Libération, tout en gardant l’esprit des émissions de télé-réalité. L’objectif est de montrer le pouvoir d’autorité d’un animateur. Ce dernier peut pousser un candidat à commettre de supposés actes de tortures. Ainsi le candidat qui est le questionneur, pense infliger jusqu’à 480 volts de décharge si l’autre candidat ne répond pas à la question. La présentatrice, le candidat électrocuté sont en fait des comédiens. En revanche le questionneur est un véritable candidat qui pensait participer à une nouvelle émission.



Le trash est, en effet, ce qui plaît à la télé-vision. Nous en avons un autre exemple, avec l'émission hollandaise Spuiten en Slikken (en français "piquer et avaler") où l'on voit des jeunes tester les substances les plus dangereuses. Ce programme est diffusé sur une chaîne publique dédiée aux jeunes. Racoleur ? "Pas du tout", se défend la chaîne, pour elle ce serait juste un moyen de discuter de sujets tabous avec les ados.

   Cependant, pour Angela Lorente, la directrice de la télé-réalité de TF1, ces émissions sont "le summum du délire", nous pouvons en conclure qu'elle n’apparaîtront donc pas sur nos chaînes françaises. De plus, en France, il est impossible et interdit par la loi de franchir ces limites : "En France, les émissions dites « de télé-réalité » sont soumises au respect du droit de la communication audiovisuelle tel que posé par la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication et défini par la réglementation du Conseil dans ses délibérations et dans les conventions des chaînes de télévisions privées. " Cependant, la réglementation n'est pas un frein à la diffusion de programmes étrangers.

Dans la suite logique des évènements, il faudra s'attendre, après les drogues et la sexualité  à voir apparaître sur nos écrans les prochains tabous que la télé-réalité devrait levés comme la maladie ou même la mort. Scandale assurée et succès garantie.



  • L'impact de la télé-réalité dans la vie des candidats et dans celle du public

 Très peu de candidats de télé réalité réussissent à faire carrière après leurs passages dans une télé réalité à l'instar d'Ayem qui a intégré la série Hollywood Girls et le Mag sur NRJ 12 ou encore Karine Ferri, ancienne bachelorette, devenue animatrice radio et télé. La grande majorité des candidats retombent dans l'anonymat ou tentent de revenir sous le feu des projecteurs dans des émissions dérivées telles que les Anges de la télé réalité .


   L'après télé réalité est souvent très dur à supporter pour les jeunes candidats qui ont eu pour habitude d'être des mois filmés par les caméras, épiés par les téléspectateurs et enfermés avec d'autres individus. C'est en effet ce que constate l’anthropologue Danniel Dayan : " Il faut être très fort pour survivre à un shoot de célébrité avec tout ce que cela fait comme ennivremment et comme déchéance puisque c'est de la personnalité jetable et qui ne repose sur rien. Donc la chute est deux fois plus dure."
C'est un des reproches considérable fait à la télé-réalité : les répercussions psychologiques négatives sur les ex-candidats.
"A notre sortie, nous avons été traités très violemment
 par les gens qui se sont approprié notre image.
 Ils se sont permis des choses avec nous qu'ils ne feraient pas
 avec des célébrités confirmés." Kenza candidate du Loft

 Elle serait responsable de 18 suicides, dans le monde, depuis 1997. Parmi les disparus, François Xavier Leuridan, plus connu sous le nom de FX, candidat de Secret Story sur TF1 en 2009. Sa mère accuse aujourd'hui la société de  production Endemol de ne l'avoir pas suffisamment soutenu : "C'était un garçon sensible, il a eu des souffrances familiales, des soucis avec son père. À sa sortie de Secret Story, il était nerveux, il avait changé,  il était devenu agressif, buvait et se droguait beaucoup. »  Elle précise que l'arrêt brutal de l'émission Carré Viiip, à laquelle FX a participé par la suite, a entraîné chez son fils une terrible dépression.

   Mais la télé-réalité pourrait aussi avoir un impact négatif sur le téléspectateur. Les représentants d’une société de production considèrent que les enfants ne sont pas dupes et qu’ils sont conscients qu’elles constituent manifestement des programmes de divertissement. Certains, sont en total désaccord avec cette idée, considérant que non seulement les enfants, mais également de nombreux adultes, ont une approche très naïve de ces émissions, et qu’en dépit d’une lecture possible au second degré, l’impact est réel. Elles pourraient même constituer, selon une fédération de parents d’élèves, un élément d’explication parmi d’autres face à l’augmentation de la violence et du harcèlement chez les jeunes, notamment en milieu scolaire.